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Chez Colette
27 février 2017

Pour Lakévio

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Andrew Wyeth 

Gros souci d'ordinateur,

il faut que je le change... je ne peux pas passer chez vous ou très très difficilement....

désolée ! A plus tard ...je ne sais quand ! 

 

Hiver 1966

J'ai vingt ans, je suis institutrice remplaçante depuis un an et demi.

Voilà déjà un mois que j'ai été nommée - en remplacement d'une institutrice en congé de maternité -

dans un tout petit village perdu au fond d'une gorge de l'Allier.

Le lieu est magnifique, j'aime ce que je fais 

et pourtant ce matin c'est "à reculons" que je m'apprête à rejoindre  mon poste ...

 Il a beaucoup neigé cette nuit et à cette heure si matinale,

aucun chasse neige n'est encore passé pour déblayer notre petite route départementale...

J'habite encore chez mes parents,

ils me prêtent leur voiture, une dauphine rouge /orangé.

Je fais le va-et-vient entre mon bol de thé et la fenêtre comme si

j'allais subitement m'apercevoir qu'un miracle s'est produit et que la neige a disparu !

mais non, "la blanche" est là et bien là !

je suis inquiète, comment vais je m'en sortir, je ne suis pas encore une conductrice aguerrie ....

Habitués à la rigueur de nos hivers, mes parents se sont levés peu de temps après moi

et devant la situation, mon père propose de m'accompagner, c'est lui qui conduira !

je pousse un immense soupir de soulagement en acceptant !

Vite, un sac de sable et une pelle dans le coffre au cas où nous serions bloqués,

nous voilà partis !

Papa conduit lentement, prudemment, sans à coups

et mine de rien en profite pour me donner quelques conseils que j'écoute avec attention ....

"tu vois, doucement mais régulièrement,

le plus fluide possible et tu essaies de ne pas t'arrêter, de ne pas emballer le moteur ....."

oui, oui, je suis bien d'accord

mais en mon for intérieur, je suis surtout heureuse de ne pas tenir le volant !

Dès la sortie du village, les choses se corsent,

la couche est épaisse, mais par chance, nous ne croisons personne !

Arrivés sur le plateau, comme si ça ne suffisait pas, la burle se joint à la partie !

Nous voilà entourés de tourbillons de neige,

les flocons semblent arriver à l'horizontale, les essuie glaces peinent à balayer le pare brise,

nous sommes au coeur d'une immensité blanche

sans repères,

la route ..... les fossés .....les champs .....

où sont les limites ?

d'ailleurs, sommes nous toujours sur la route ?

Fébrile, j'interroge papa, qui lui reste concentré, attentif, calme ....il me rassure d'un

"allez ma fille, j'en ai vu d'autres !! ce n'est pas cette petite tempête qui va nous bloquer !! fais moi confiance !"

je ne demande pas mieux mais je suis crispée sur mon siège au delà du raisonnable !

Tant bien que mal, lentement mais sûrement, kilomètre après kilomètre,

nous arrivons en bout de plateau pour replonger dans la gorge !

La burle n'y joue plus,

mais une grosse congère bloque l'accès au chemin menant au village ....

Il nous faut déclarer forfait .....

 je ne suis plus très loin du village et de l'école, alors courage ....

mon cartable à la main je rejoins mon poste .... à pied !

Motivée !

Tout en marchant, je pense à ce qui m'attend...

Allumer le poêle de ma classe, bien heureuse d'avoir une réserve de bois sec sous le préau !

 me battre avec la fumée qui va envahir la salle, ouvrir les fenêtres,

tenter de faire courant d'air,

bien vite les refermer sous peine de geler !!

Préparer mes tableaux, puis .... accueillir mes élèves !

Dans cette classe unique, les âges vont de deux à quatorze ans,

de la toute petite section enfantine au certificat d'études !

je vais devoir jongler entre collages et leçon sur les engrais et les labours,

mais je suis bien avec eux !

Mon père sera allé chez le maire pour téléphoner à maman et la rassurer,

parce que, voyez vous,

à cette époque, il n'y avait pas de téléphone portable !!

non, non je vous assure !

et peut être même que demain il faudra rejouer la même partition .....

Papa reviendra me chercher ce soir ........

fallait il qu'il m'aime .....!

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
Il est magnifique ton texte et très émouvant pour moi qui connais les lieux, des congères à l'entrée du hameau au moment où on plonge dans la gorge, j'en ai vu aussi et tes souvenirs rejoignent ceux de mes voisines. Etre institutrice et pas logée sur place, ce n'était pas drôle dans ces régions en hiver, surtout qu'en ce temps-là les hivers étaient rudes, les routes mal dégagés. C'est un bel hommage à ton papa aussi, à ces moments que vous avez partagés ensemble. Quand j'ai connu le hameau, l'école était encore ouverte mais pas pour longtemps et toi tu n'y étais plus. En 66 j'avais 13 ans et mes parents n'avaient pas encore acheté la maison qu'ils ont retapé et que j'ai gardé aujourd'hui (dans le hameau du Villard) juste à côté. Merci de m'avoir mis ton lien ! Bisous et une douce fin de semaine
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M
Coucou Colette<br /> <br /> Ton nouvel ordi ne devrait plus tarder à arriver en attendant je suis passée te souhaiter un bon week end<br /> <br /> gros bisous<br /> <br /> MITOU
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B
Quel beau texte ! Ça sent le vécu ! Bravo !
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M
Un plaisir de te lire Colette ! Et on sent que tu as eu aussi grand plaisir à relater tes souvenirs ! C'est vrai que le temps a passé... notre société a beaucoup et vite évolué... un peu trop vite peut-être... Bonne journée Colette! Gros bisous
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P
Très jolis souvenirs bien relatés ! <br /> <br /> Comme c'est curieux, mon tonton et ma tata auvergnats (habitaient le Cendre près de Clermont) avaient une Dauphine rouge, elle peinait terriblement pour monter au Puy-de-Dôme.<br /> <br /> Gros bisous et bon courage pour l'ordi.
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Chez Colette
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