Printemps ..... suite
La première : La résiliation lâche,
l'oubli par le divertissement, le repli apeuré.
La deuxième : une lucidité sans compromis qui comprend la vie tout entière,
la violence et la douleur qu'elle porte inévitablement
mais tout aussi sûrement ce qui les dément.
La lucidité qui est la seule condition de l'action et de l'espoir.
" La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil",
disait le poète René Char, au coeur de son combat de résistant.
Ce que le philosophe italien Gramcsi formulait autrement :
" Le pessimisme de l'intelligence ne doit pas désarmer
l'optimisme du coeur et de la volonté".
L'espoir donc.
Il n'est pas un don, il est un effort.
Un courage de la conscience.
Il s'agit de voir aussi les arguments de la vie.
L'espoir dont je parle, ce n'est pas, attention, sa contrefaçon :
l'injonction au bonheur, le devoir de la joie,
l'éloge de la jouissance immédiate et égoïste, ou le "bien vivre"
prêt à porter des experts de la béatitude.
Les vrais arguments de la vie,on les rencontre en chemin,
le pas ouvert, sortant du huis clos de l'habitude, ce sont par exemple
l'élan primordial et universel dont parle François Cheng,
celui qui relie les êtres aux choses et les êtres entre eux,
la résonnance en nous du plus grand que nous et qui nous grandit,
la beauté d'un geste, d'un regard, d'un paysage, d'une fleur renaissante.
C'est la conversation de l'âme et du coeur dans l'intensité d'un silence.
C'est la fenêtre ouverte sur le matin
ou le frôlement de la nuit dans les branches.
C'est, malgré la souffrance, marcher épaule contre épaule dans le soleil.
Tout ce que la poésie,
depuis toujours, chante et nous donne en partage.
La poésie nous sauve de cette mort sournoise,
cette mort dans la vie même,
que font en nous la résignation et la fatigue.
Elle est le lieu et l'occasion
d'une insurrection qui vaut résurrection.
La poésie :
résurrection ... avant la mort.
Jean Pierre Siméon.