La suite ....
Je vous propose,
si vous le voulez bien, de lire la suite de la chronique de MH Lafon
Donc,
le samedi 2 février, entre 17h10 et 17h35,
j'étais à la gare de N sur le quai n°1et j'attendais.
J'attendais le ter.
J'attendais comme on attend dans les gares, avec un pincement au coeur
et en proie à la certitude de l'inéluctable que procurent les ter fuselés.
La beauté crue et nue des choses déchirait le crépuscule blanc.
J'étais seule sur le quai, éblouie et fervente.
Février commençait.
Si le 30 février existait, on pourrait tous
le passer à la gare de N, histoire de jouer les prolongations
et d'enchanter la vie en dévidant
la litanie des 30 février qui eussent changé le monde.
Le 30 février 1915,
signature de l'armistice de la guerre de 1914 -1915.
Le 30 février 1935,
attentat contre Hitler, carton plein, pas de quartier.
Le 30 février 1985,
fermeture définitive de la centrale de Tchernobyl en Ukraine.
Le 30 février serait un beau jour pour
"Les roses éternelles
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs."
Je n'y suis pour rien, c'est Boris Vian dans "je voudrais pas crever",
qui est un long poème d'amour à mort
et un beau programme
pour le 30 février.
Le 30 février serait un jour très bleu,
"Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche"
Je n'y suis pour rien non plus,
c'est Louis Aragon, et Jean Ferrat l'a chanté.
Ils le savent, ces trois là et quelques autres,
qu'on le sache et qu'on se le dise,
sur le quai de la gare de N et ailleurs dans le vaste monde,
le 30 février serait un beau jour.